Les œuvres d’art qui font passer un message

Dans le monde de l’art, la longue histoire de la peinture est pavée d’oeuvres dont le sens, souvent profond, parfois personnel, se dévoile à travers l’image. Les artistes prennent le pinceau pour donner à voir leur vision du monde et de la société, de ses travers et de ses errances. Pour certains, l’art permet de transcender le traumatisme et d’atteindre une vérité nue et universelle. Parmi ces artistes, on trouve des noms célèbres : Holbein, Otto Dix… On vous emmène pour une plongée au coeur de deux tableaux et des messages qu’ils véhiculent.

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Les Ambassadeurs de Hans Holbein le Jeune (1533)

Commandité par Jean de Dinteville (l’un des deux ambassadeurs du tableau), il le représente accompagné de son compagnon diplomate et évêque de Lavaur, Georges de Selve et célèbre la venue de ce dernier à Londres pour des négociations d’ordre religieux auprès de la monarchie anglaise.

Peint à l’huile et tempera sur chêne, cette oeuvre représente les deux hommes parés d’atours qui représentent leur statut : fourrure de lynx et tunique de soie pour Jean de Dinteville, tandis que son comparse est vêtu de manière plus sobre et se place légèrement en retenue dans le cadre.

De même, la scène est agrémentée de nombreux objets, tous symboliques ou représentatifs de leur période : instruments de musique et de navigation, livres de mathématiques et d’hymnes religieux, globes qui symbolisent le rayonnement culturel de la période. On notera le luth à la corde cassée, image de la discorde entre l’Angleterre et le Vatican à l’époque, mais aussi et surtout le crâne, étiré en perspective pour n’être clairement visible que d’un angle précis : memento mori qui est là pour rappeler que la mort transcende tous les états terrestres.

La Guerre, d’Otto Dix (1929 - 1932)

Impressionnant triptyque accompagné d’une prédelle, La Guerre, oeuvre monumentale d’Otto Dix est peinte à l’huile sur des panneaux de bois de 204 centimètres de côté (pour le panneau central, les deux panneaux latéraux étant de 204 x 102 cm, et la prédelle de 60 x 204 cm).

Dix utilise cette forme de composition originellement liée aux tableaux religieux de la Renaissance, et en subvertit les différents codes : le triptyque qui représente en temps normal la vie sur Terre est utilisé pour figurer la guerre et ses atrocités, tandis que la prédelle, normalement réservée à la figuration de l’Enfer, sert ici au peintre d’espace pour le repos éternel des soldats tombés.

Le tableau confronte le spectateur : la guerre fait des hommes des soldats anonymes lorsqu’ils montent au front (panneau de gauche), et des cadavres défigurés sur le champ de bataille : le panneau central, avec ses corps mutilés, ses couleurs sombres et son paysage de désolation transmet un message violent quant à la nature réelle des conflits armés en général, et de la Première guerre mondiale en particulier. Le seul visage qui apparaît est celui de l’artiste, représenté ici en train de sauver un compagnon d’armes, et vêtu de couleurs claires. Son regard lucide est braqué par-delà la toile et prend à témoin l’observateur : il se place en médiateur pour transmettre la vérité au monde.